SpellBook : test et avis
Spellbook est un jeu de société sorti en octobre 2023 qui se joue de 1 à 4 joueurs. On est sur le même esprit que Splendor, ici vous allez prendre des jetons chaque tour afin de réussir à vous payer des sorts. Chaque sort appris vous permettra de marquer des points ou de pouvoir bénéficier de nouvelles actions. Le jeu est très attendu et parait avoir un énorme potentiel, mais on peut quand même y trouver à redire. Nous allons voir comment l’appréhender et en profiter au mieux.
Comment jouer à SpellBook ?
Dans Spellbook, chaque joueur aura devant lui 7 cartes de différentes couleurs. Chaque carte présente un sort avec 3 niveaux. Le premier niveau d’un sort nécessite 3 jetons de la même couleur, le second 4 et le dernier 5. Il faudra donc 3 jetons rouges pour apprendre le sort rouge niveau 1 ou attendre d’en avoir 5 pour apprendre le niveau 3 qui est plus puissant. On ne peut apprendre un sort qu’une seule fois et le but va être d’en débloquer le plus possible. Certains donnent des points de victoire, d’autres permettent de piocher plus de jetons, d’échanger des jetons, d’obtenir de nouvelles actions etc… on a des effets qui laissent la place à des combos et interactions à priori. Les joueurs ont exactement les mêmes sorts durant la partie.
Les jetons permettant de payer les sorts sont appelés des Matérias. Il y en a de chaque couleur (7) et ils sont cachés dans un sac en toile (appelé Vortex). Il y a aussi un plateau Autel disponible au centre sur lequel on peut voir 5 Matérias communs à tout le monde. A chaque tour, soit vous en prenez 2 au hasard dans le sac, soit vous prenez celui qui vous intéresse sur l’Autel. A noter que chaque Matéria possède aussi un symbole en plus de la couleur. Il est possible de se séparer de 3 jetons de couleur différente ayant le même symbole pour en avoir un de la couleur que l’on souhaite. Si je veux apprendre le sort bleu au niveau 2 et que je n’ai que 3 jetons bleus, je peux obtenir le 4ème en défaussant 3 Matérias d’autres couleurs ayant le même symbole.
Enfin, chaque joueur a un plateau Familier sur lequel il peut stocker des jetons. La plaquette Familier est très belle mais elle ne sert pas à grand chose. Plus vous stockez de jetons dessus, plus vous aurez de points à la fin. C’est aussi une façon de mettre fin à la partie, si vous complétez le stock de cette plaquette, la partie s’arrête. Idem si vous arrivez à apprendre vos 7 sorts, cela sonne la fin de partie et on compare les points de victoire.
La partie est rapide car les tours sont assez simples. D’abord vous prenez 2 jetons au hasard dans le sac ou 1 visible sur l’Autel. Puis vous avez la possibilité d’en mettre un en stock sur le Familier si vous le souhaitez. Ensuite vous pouvez en dépenser 3, 4 ou 5 pour débloquer un sort. C’est tout, le joueur suivant fait pareil, et ainsi de suite. Les sorts permettront ensuite d’améliorer un de ces 3 aspects (pioche de jetons Matérias, stockage sur le Familier ou apprentissage d’un sort) afin de vous rendre de plus en plus efficace. Dès que quelqu’un a entièrement complété son Familier ou appris 7 sorts, on compare les points de victoire.
SpellBook peut se jouer de 1 à 4 joueurs, la partie dure 45 minutes environ.
Le jeu contient 84 cartes Sort, 105 jetons Matéria, 1 tuile Autel, 4 plateaux Familier, 4 aides de jeu, 1 sac, 1 jeton premier joueur, 1 boîte de défausse et 1 livret de règles.
Vous pouvez télécharger les règles de SpellBook en français gratuitement au format PDF ci-dessous.
Le jeu est disponible ici : acheter le jeu SpellBook.
Notre avis sur SpellBook.
Personnellement, j’étais très enthousiasmé par SpellBook. Le jeu est joli, le thème très sympa et on a tous les ingrédients pour avoir quelque chose de parfait. C’est simple à jouer, les tours sont très rapides et on a l’impression qu’on pourra faire et tester pleins de combos différents. En effet, chaque joueur a les mêmes cartes sorts mais pour chaque couleur, il y a 3 cartes sorts différentes. On a une premier sort rouge avec 3 niveaux, mais un second avec aussi 3 niveaux et un troisième également ! Le jeu nous impose de jouer une première partie avec la carte sort « numéro 1 » de chaque couleur, puis de faire avec les numéros 2, puis une troisième partie avec les numéros 3. Mais après, on peut les mélanger ! Cela donne des parties différentes à chaque fois avec une rejouabilité infinie, et la possibilité de changer les combos à chaque fois. Il y a 7 couleurs et chacun a 3 cartes différentes, donc on peut avoir une partie totalement différente à chaque fois, à l’image de Dominion. J’y voyais donc un très beau jeu de stratégie avec l’obligation de s’adapter à chaque fois, et pourtant, les plus avertis d’entres-vous auront vu que j’ai préféré le mettre en jeu d’ambiance.
Dans la réalité, le jeu a deux aspects qui m’empêche d’en profiter au mieux. Le premier est que vous allez être très (trop) dépendant du tirage de la couleur. Concrètement, vous allez vouloir privilégier un sort en début de partie car vous jugez que son pouvoir vous permettra ensuite de vous développer plus vite et de faire des combos avec un autre. Imaginons par exemple que je juge que le sort bleu « mirage » est intéressant, car il me permettra de piocher ensuite régulièrement. S’il n’y a pas de bleu sur l’Autel ET que je n’en pioche pas, je ne vais pas réussir à le débloquer. Il y a 7 couleurs en tout, et ça arrive très souvent que vous n’arriviez pas à trouver le jeton de la bonne couleur. Vous êtes limité à 9 jetons et systématiquement, vous serez obligé de débloquer un sort par défaut sans pouvoir le faire par choix stratégique.
Alors vous me direz que ça fait partie du jeu et qu’il faut jouer la patience si on juge la stratégie efficace. Mais dans SpellBook, l’énorme problème vient du Familier où on stocke les jetons. D’une part, cela va permettre de marquer beaucoup trop de points. D’autre part, il se remplit bien trop vite ce qui sonne la fin de la partie rapidement. On n’a pas le temps de jouer le sort que l’on veut ou de prévoir des combos. La partie ne durera pas assez longtemps pour qu’on puisse envisager des stratégies ou s’adapter, il faut remplir le Familier chaque tour quasiment. Je trouve que le calibrage du temps et des points n’est pas bon à cause de cet aspect stockage, et cela empêche le jeu d’être excellent. Il n’est pas rare que la partie s’arrête et que les joueurs aient débloqué 1 à 3 sorts maximums sur les 7… c’est triste !
Il pourrait aussi y avoir toute une mécanique de blocage et de surveillance de l’adversaire. On a les mêmes cartes donc on voit systématiquement ce que font les autres, quels Matérias ils possèdent etc… Il y a des jetons communs sur l’Autel, donc on pourrait penser qu’il faut parfois en prendre un pour ralentir l’adversaire ou autre. Mais en réalité, non ! Vous n’aurez tout simplement pas le temps. Le jeu va trop vite pour envisager faire autre chose que se concentrer sur soi-même tout en alimentant son Familier pour ne pas finir à la rue.
SpellBook reste un très bon jeu et ravira les fans de Splendor, mais j’ai plus l’impression de jouer à un jeu d’ambiance amélioré qu’à un vrai jeu de stratégie. Les combinaisons proposées au départ ne sont pas terribles (beaucoup de joueurs ou de testeurs n’ont pas aimé le jeu car ils s’arrêtent à la partie découverte). Mais en réalité, une fois que vous mélangez les sorts, vous arriverez à avoir des parties intéressantes. Cela se produira notamment quand les sorts permettant de remplir le Familier rapidement sont absents. Le jeu plaira aussi sûrement pour jouer en famille avec des enfants de 10 ans ou plus.
Les avantages du jeu
SpellBook est très joli avec une mécanique simple à jouer et un côté addictif. On peut mélanger les cartes sorts à chaque partie, ce qui permet d’avoir une rejouabilité très forte. Les jetons représentant les Matérias sont bien faits et les cartes sorts bien rédigées avec une aide de jeu impeccable. On a l’impression de jouer à un Splendor amélioré, et les auteurs ont fait l’effort d’ajouter un mode solo. Les parties sont rapides et on n’a pas d’attente entre le tour de chaque joueur. Qui plus est, on a tous les mêmes cartes donc on surveille sans arrêt les autres pour voir où ils en sont. Le comptage des points est ultra-simple ; on a apprécié découvrir et jouer au jeu. On peut aussi noter que l’installation est très agréable. Chacun met ses 7 cartes et son aide de jeu ce qui constitue un mini-plateau en 10 secondes.
Les inconvénients du jeu
Les amateurs de jeux de stratégie qui aiment prévoir et planifier des combos et interactions peuvent passer leur tour. Le jeu est très bien mais sous un format rapide, qui ne laissera pas assez de place à la réflexion. Il y a sans doute quelques combinaisons de cartes sort qui rendent le jeu intéressant, et je vous invite à les mettre en commentaire si vous en avez. On regrette la partie découverte qui est un peu fade, ne vous y arrêtez pas et faites-en une autre. Je me demande si le jeu n’aurait pas été incroyable avec quelques emplacements de stockage supplémentaires sur le Familier pour faire durer la partie. En l’état, ça reste assez décevant après quelques parties.
Questions et erreurs fréquentes sur les règles de SpellBook.
Si j’ai le sort « Tempête » au niveau 5 et que je choisis de jouer le niveau 4, dois-je descendre d’un niveau ?
Oui tout à fait. La flèche rouge est aussi sur le sort niveau 4 et vous devrez donc diminuer votre sort d’un niveau.
Si j’ai le sort « Croissance » au niveau 4 ou 5 et que je le joue pour son niveau 3, dois-je descendre d’un niveau ?
Sur ce cas, non. Le niveau 3 n’a pas la flèche rouge. Le sort est moins puissant mais au moins vous pouvez rester sur le niveau supérieur.
Si je débloque un sort permettant de jouer une action du matin, du midi ou du soir, est-ce qu’elle s’ajoute aux actions déjà possibles ?
Non, vous n’aurez jamais plusieurs actions le matin ou le midi ou le soir. C’est une à chaque fois. Une fois le sort débloqué, vous avez un choix de plus.
Peut-on dépasser la limite de 9 Matérias pendant le déroulement d’un sort ?
La question se pose sur les sorts qui permettent de piocher puis obligent à jeter dans la foulée. On pourrait penser que si l’action dit de piocher 3 puis de jeter 3, il soit possible de dépasser les 9 Matérias durant le processus. Mais non, ce n’est pas le cas !
Puis-je échanger 3 symboles contre une couleur à un autre moment que lors de l’apprentissage du sort ?
Certains sorts permettent de dépenser des Matérias le midi. C’est le cas du sort « Offrande » qui permet de dépenser deux jetons de la même couleur pour les stocker. Est-il alors possible d’échanger 3 jetons de couleurs différentes contre 1 de la bonne couleur pour activer « Offrande » le midi ? La réponse est non, la règle précise bien que c’est possible uniquement le soir pour apprendre un sort.
Stratégie et variante à SpellBook.
Vous l’avez compris, je n’ai pas vraiment de conseils à donner pour la stratégie car SpellBook laisse une trop grande place au hasard. Si vous voulez gagner, il faut stocker à chaque tour et espérer réussir à débloquer 1 ou 2 sorts au plus bas niveau. En général, les sorts noirs servent à stocker encore plus et si vous avez la chance d’en débloquer un (autrement dit si vous avez du noir à la pioche), vous gagnerez encore plus vite. Au bout de 2/3 parties, tout le monde en aura marre et voudra réussir à débloquer des sorts. Je vous suggère alors de procéder ainsi.
Pour le sort noir, bannissez « Offrande » et « Focus« . Vous allez donc jouer avec « Festin« . Vous bannissez également le sort vert « Croissance » et prenez un des deux autres (« Purification » ou « Soins« ). Sur un tel scénario, il sera impossible de stocker plus d’un Matéria par tour sur le Familier. Vous aurez alors enfin une partie qui vous laissera le temps de jouer, d’apprendre 3 à 7 sorts et surtout d’en profiter ! Le jeu devient alors bien plus agréable, et on voit apparaitre de petits combos. Mais malgré ça, vous verrez que vous subirez l’apparition des couleurs et ne pourrez pas forcément réaliser les stratégies voulues.
Test de Spellbook.
Nous n’avons pas tourné de vidéo d’une partie en direct pour ce jeu. En revanche, vous avez quand même la vidéo ci-dessous qui explique les règles et dans laquelle on montre le matériel avec quelques conseils pour jouer. A noter que le micro a fait des siennes sur cette vidéo, on corrige pour la suite.